Comme on peut le voir sur toute plage, le transport des particules sédimentaires se traduit par un modelé particulier. Il en est de même à plus grande profondeur, sous laction des courants, des vagues, des tempêtes ou dévénements plus énergétiques encore tels les tsunamis.
La reconnaissance de ces figures dans les séries sédimentaires est importante et permet de se situer par rapport à une échelle basée sur le niveau dénergie appliqué au milieu de dépôt. On conçoit aisément que le niveau dénergie diminue avec la profondeur et/ou en fonction de la présence ou de labsence dobstacles (barrière, herbier, récifs de toute nature )
Le modèle couramment utilisé est basé sur la reconnaissance de figures formées par laction des vagues, de la houle et des tempêtes (tempestites).
1. Les " petites " rides (échelle inframétrique)
Ces rides sont classiques de nos plages mais certaines sont formées à plus grande profondeur.
a - Les rides asymétriques
Elles résultent de laction dun courant unidirectionnel pouvant ou non interférer avec dautres facteurs (distorsion dune onde de vague). Lévolution de ces structures est bien visible dans les " ruisseaux " qui sécoulent sur nos plages à marée descendante. Ces rides se rencontrent dans tous les milieux (rivière ou mer) et à toutes profondeurs. Leur dissymétrie permet de déterminer le sens du courant.
b - Les rides symétriques
Elles sont formées par des courants oscillatoires sous leffet de la houle. Elles se rencontrent donc en front de plage, hors de la zone de déferlement des vagues, et à profondeur relativement faible.
c - Les rides en mamelons
Elles sont caractérisées par la présence de petits dômes et de dépressions distants de quelques centimètres à quelques décimètres. Elles sont caractéristiques des dépôts de tempêtes.
(d'après SEDIMENTOLOGIE - Cojan - Renard chez MASSON)
En coupe, elles montrent un litage oblique caractéristique faisant apparaître des surfaces dérosion qui traduisent le remaniement du sédiment sous leffet de lintensité des courants qui règnent à la surface du fond lors des tempêtes.
Dans les zones de haute énergie, sous leffet des vagues et/ou des courants, se forment des structures (rides, dunes) de grande taille dont lanatomie est marquée par des litages dangle variable, obliques ou entrecroisés. Les domaines de barrière (littorale ou plus distale) et les zones animées par de forts courants (détroit de Pas de Calais, par exemple) sont le siège de ces phénomènes. Dans les séries anciennes, de telles structures sont bien visibles dans les calcaires ooïdiques du Dogger.
Laction des marées peut être caractérisée par des courants dintensité variable qui se renversent. La complexité du phénomène entraîne la formation de figures marquées par une bidirectionnalité et la présence de nappages argileux.
Dans le Jurassique supérieur des falaises du Boulonnais on peut observer, à différents niveaux, de minces bancs, lumachelliques, à base érosive, interprétés comme des dépôts de tempêtes (Fursich et Oschmann 1986). Ces bancs samalgament dans les régions proximales (moins profondes) et leur granulométrie et épaisseur décroissent vers les régions distales (plus profondes).
Laction des organismes qui peuplent le fond marin (benthos) se marque dans le sédiment. Lendofaune, en particulier par son activité de fouissage, laisse une trace indélébile dans le sédiment, soit en lhomogénéisant complétement, soit en laissant un réseau inextricable de pistes, galeries ou terriers. Les organismes à lorigine de ces phénomènes sont rarement fossilisés mais peuvent être identifiés dans les milieux actuels. Ce sont des vers, oursins, holoturies, lamellibranches et divers crustacés.
Il est rarement possible dobserver ce réseau, excepté dans le cas dun substrat suffisamment ferme, comme en arrière du platier, au nord de Calais, où une multitude de crabes utilisent un complexe de galeries qui restent ouvertes. Elles sont partagées avec dautres crustacés et petits poissons.
Dans les séries anciennes, cette bioturbation est parfois bien visible au niveau de surfaces de ralentissement notable ou darrêt de la sédimentation, tant dans le Jurassique que dans le Crétacé.
Rides et pistes dans le Tithonien