Les Ammonites : témoins d'une évolution paléogéographique

 

La distribution quantitative des Ammonites dans la série stratigraphique albienne de Wissant met en évidence une évolution des populations et permet des conclusions paléogéographiques.

L’Albien inférieur est caractérisé par l’abondance des Douvilleiceratidae et par la prolifération des Desmoceratidae dont la répartition géographique s’étend largement hors du domaine boréal. Ce phénomène apparaît en corrélation avec un élargissement momentané des communications vers la province téthysienne.

L’Albien moyen apparaît dominé par la famille des Hoplitidae qui se diversifie dans l’intervalle P3-P5 ce qui permet d’envisager un endémisme relatif du domaine boréal pendant cette période. Cependant, quelques intrusions ponctuelles en pourcentage faible de Brancoceratidae : Oxytropidoceras (0,3%) en P3, Mojsisovicsia (4%) en P4, Dipoloceras (2,9%) et Hysteroceras (0,6%) en P5, suggèrent l’établissement de communications momentanées mais toujours limitées avec les provinces océaniques du Sud. Le synchronisme de ces intrusions et du développement des niveaux phosphatés P3-P4-P5 conforte l’hypothèse d’inondations transgressives en tant que cause de l’évolution constatée.

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Incursions de faunes d'Ammonites à caractère cosmopolite dans le Bassin Anglo-Parisien (B.A.P.) par le seuil de Bourgogne (S.B.) et le seuil Londres-Brabant (S.L.B.) au cours de l'Albien moyen (carte selon Amédro, 1992). paleo1.JPG (77225 octets)

 

A l'Albien supérieur, le changement du rapport Hoplitidae/Brancoceratidae au dessus du niveau P5 traduit une évolution profonde de la faune. La province boréale jusqu’alors plus ou moins refermée sur elle même s’ouvre. Elle héberge désormais une faune cosmopolite abondante de Brancoceratidae. Cet élargissement des communications est peut-être à rapprocher de l’ouverture contemporaine de l’Atlantique Sud (Kennedy et Cooper, 1975). Le stock d’Hoplitidae s’effondre alors, vraisemblablement en relation avec un changement des conditions écologiques océaniques. On a cette fois un exemple de disparition rapide d'un groupe entier : une crise biologique provoqué par une variation de la géodynamique interne de la Terre à l'origine d'une variation eustatique qui bouleverse l'équilibre biologique océanique.

Cette discontinuité correspond sensiblement à la limite entre l’Albien moyen et l’Albien supérieur (Amédro et Destombes, 1978)

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La lithostratigraphie de l’Albien du Boulonnais associée à la biostratigraphie des Ammonites constitue un exemple qui permet d’appréhender l’évolution des espèces. Les espèces apparaissent et disparaissent dans le temps et dans l’espace en relation avec des variations de leur environnement liées à la tectonique globale.

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